TotalEnergies connaît depuis les années 1970 le lien direct entre ses activités et le dérèglement du climat.
A cette époque, il était encore possible d’éviter le chaos climatique dans lequel nous sommes désormais projetés. Mais les dirigeants et les actionnaires de la major pétrolière ont fait un autre choix : celui d’ignorer la science et de spéculer sur la fin du monde. Ils sont même allés plus loin pour défendre leurs profits : ils ont combattu les certitudes scientifiques. Ils ont choisi le camp du climato-scepticisme, du mensonge, de la manipulation des données, du torpillage des politiques publiques. Ils sont devenus les architectes acharnés d’un système visant à nous maintenir dans une dépendance au pétrole et au gaz, alors que la transition énergétique pouvait et devait être enclenchée au plus vite pour éviter le pire, et qu’ils étaient les mieux placés pour la mettre en œuvre.
Maintenant qu’il est enfin devenu impossible de nier ouvertement le changement climatique, TotalEnergies a changé de stratégie. L’entreprise mise désormais sur le greenwashing : elle sature l’espace public de messages faisant croire qu’elle a endossé la transition énergétique alors qu’elle investit à bride abattue dans les fossiles.
Au lieu d’investir ses profits records, son savoir-faire technique et la puissance opérationnelle de ses milliers d’ingénieurs dans la transition, TotalEnergies continue à développer des projets d’expansion des énergies fossiles.
Pourquoi ? Parce que c’est plus rentable que les énergies renouvelables. C’est tout.
Produire de l’énergie « verte » (solaire, éolien, hydraulique…) est rentable mais pas autant que le pétrole et le gaz. C’est donc pour maximiser leurs profits déjà spectaculaires que les actionnaires et la direction de l’entreprise sont prêts à sacrifier le monde tel qu’on le connaît. Car les nouveaux champs gaziers et pétroliers que TotalEnergies ouvre aux quatre coins du monde sont autant de bombes climatiques qui cadenassent notre demande en services énergétiques à leur offre en hydrocarbures. Autrement dit, la direction comme les actionnaires de TotalEnergies ont fait et continuent à faire le choix, assumé et conscient, de mettre nos émissions de gaz à effet de serre sur des trajectoires d’apocalypse. Un groupe d’individus, minoritaires en nombre et non représentatifs de la société par leur puissance financière démesurée, font le choix cynique, pour optimiser leurs profits déjà obscènes, d’anéantir les chances de l’humanité d’éviter la destruction du monde tel qu’on le connaît.
Leurs choix et leurs votes ne détruisent pas seulement des vies. Ils détruisent la vie.
Il n’y a qu’un mot pour qualifier leur comportement : il est criminel.
Des personnes et des entités qui choisissent, en connaissance de cause, de s’entêter dans la voie morbide de la déstabilisation des conditions d’habitabilité de notre planète, portent une responsabilité particulière dans la destruction de nos destins individuels et collectifs.
Les spéculateurs des énergies fossiles sont supérieurement responsables des tragédies climatiques et supérieurement dangereux. Nous devons les arrêter. Nous devons juguler leur pouvoir de nuisance. Nous devons leur retirer leur permis de tuer. Il n’est pas envisageable de laisser une poignée d’ultra privilégiés à la cupidité criminelle enterrer notre possibilité d’avenir sans nous battre.
C’est pourquoi aujourd’hui, nous assignons les dirigeants et les actionnaires majoritaires de TotalEnergies devant la justice pénale.
Dossier de presse
Dossier de presse
21/05/24
Le dossier de presse complet est à télécharger ici : https://www.totalcriminal.org/pdf/Dossier_de_presse.pdf
Ce matin, trois ONG, BLOOM, Alliance Santé Planétaire et Nuestro Futuro (Mexique) ainsi que huit survivants et victimes du changement climatique déposent une plainte visant le conseil d’administration et les actionnaires de TotalEnergies pour leur contribution au changement climatique et son impact fatal sur les vies humaines et non humaines. Dans un contexte d’intensification des catastrophes climatiques et à trois jours de l’assemblée générale de TotalEnergies, cette action en justice contre la sixième major pétrogazière mondiale pourrait créer un précédent en ouvrant la voie à la responsabilisation des producteurs d’énergies fossiles et de leurs actionnaires devant les juridictions pénales pour le chaos causé par le changement climatique.
TotalEnergies, son conseil d’administration et ses principaux actionnaires sont visés pour les délits suivants : mise en danger de la vie d’autrui, homicide involontaire, abstention de combattre un sinistre et atteinte à la biodiversité. Chaque délit est passible d’au moins un an d’emprisonnement et d’une amende. Le procureur de la République aura toute latitude pour ouvrir une enquête préliminaire ou une information judiciaire afin d’établir les responsabilités pour les faits invoqués. En ce sens, la plainte pénale déposée auprès du tribunal judiciaire de Paris vise notamment les personnes suivantes : le conseil d’administration de TotalEnergies, qui détermine les orientations stratégiques du groupe, le PDG de TotalEnergies M. Patrick Pouyanné, et les principaux actionnaires qui ont voté en faveur des stratégies climatiques pourtant incompatibles avec la limitation du réchauffement global à 2°C et contre les résolutions visant à aligner la stratégie climatique du groupe sur l’Accord de Paris. Il en va ainsi de BlackRock, premier actionnaire de Total, de son 6ème actionnaire, la banque centrale de Norvège, Norges Bank et de bien d’autres.
Les ONG et les huit plaignants espèrent ainsi établir la responsabilité pénale des dirigeants et des actionnaires de TotalEnergies pour leur contribution au changement climatique et les faire condamner pour des décisions passées dont ils savaient pertinemment qu’elles provoqueraient des pertes humaines et des dommages environnementaux considérables.
Cette initiative cherche également à mettre un terme définitif à l’expansion de l’extraction des combustibles fossiles, qui conduit à une situation sans précédent : un “globocide”, c’est-à-dire la perturbation irréversible du Système Terre et de la biosphère dans son ensemble.
En outre, les plaignants souhaitent faire reconnaître que certaines personnes ou entités comme le conseil d’administration et les principaux actionnaires de TotalEnergies ont une responsabilité supérieure dans la destruction globale du monde tel que nous le connaissons.
Hausse du niveau des mers et submersion des côtes, vagues de chaleur meurtrières, méga-incendies, ouragans dévastateurs, inondations et glissements de terrain : le nombre d’événements extrêmes enregistrés a été multiplié par cinq au cours des 50 dernières années, affectant la vie des huit plaignants d’Australie, du Zimbabwe, de France, de Belgique, des Philippines, de Grèce et du Pakistan, ainsi que celle de millions d’autres êtres humains et de milliards d’animaux. Les catastrophes qui ont ravagé leurs vies, telles que les feux de brousse australiens de 2019, les inondations européennes de 2021 et les inondations pakistanaises de 2022, ont toutes fait l’objet d’études d’attribution scientifiques, qui ont conclu que le changement climatique les avait à la fois renforcées et rendues plus probables.
Les scientifiques ont désormais établi que les catastrophes dites « naturelles » le sont de moins en moins : l’augmentation de leur intensité et de leur fréquence est une conséquence directe du changement climatique, dont les combustibles fossiles sont responsables à 80%.
Bien que l’Agence internationale de l’énergie ait recommandé d’arrêter tout nouveau projet d’exploitation de combustibles fossiles à partir de 2021 dans son scénario à 1,5°C, TotalEnergies a continué à ouvrir des sites pétroliers et gaziers autour du globe. Elle est même devenue la deuxième entreprise d’énergie fossile la plus expansionniste au monde. La communauté scientifique a déterminé que l’ouverture de nouveaux projets d’énergies fossiles n’est pas compatible avec la limitation du réchauffement à des seuils viables.
Les dirigeants et les actionnaires de TotalEnergies sont parfaitement conscients que le changement climatique tue, pourtant ils ont fait le choix cynique d’accroître la production de pétrole et de gaz pour une seule raison : maximiser les profits.
Lors de l’Assemblée générale de 2023, le conseil d’administration a même appelé ses actionnaires à voter contre la résolution visant à aligner les émissions de TotalEnergies sur l’Accord de Paris. Cette résolution cruciale a été rejetée par 70% des actionnaires. Si aucune suite n’est donnée par le procureur de la République d’ici trois mois, les plaignants ont la possibilité de se constituer partie civile et de saisir un juge d’instruction pour demander l’ouverture d’une information judiciaire.
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